Politique (catégorie obsolète)
de Gaulle refuse de participer aux commémorations du débarquement de 1944
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🇫🇷 Juin 1964, le Général de Gaulle refuse de participer aux commémorations du débarquement de 1944 : « La France a été traitée comme un paillasson. [...] Il faut commémorer la France, et non les Anglo-Saxons ! »
En octobre 1963, il explique son choix à Peyrefitte : « Eh bien, non ! Ma décision est prise ! La France a été traitée comme un paillasson ! Churchill m'a convoqué d'Alger à Londres, le 4 juin. Il m'a fait venir dans un train où il avait établi son quartier général, comme un châtelain sonne son maître d'hôtel. Et il m'a annoncé le débarquement, sans qu'aucune unité française ait été prévue pour y participer. Nous nous sommes affrontés rudement. Je lui ai reproché de se mettre aux ordres de Roosevelt, au lieu de lui imposer une volonté européenne (il appuie). Il m'a crié de toute la force de ses poumons : "De Gaulle, dites-vous bien que quand j'aurai à choisir entre vous et Roosevelt, je préférerai toujours Roosevelt ! Quand nous aurons à choisir entre les Français et les Américains, nous préférerons toujours les Américains ! Quand nous aurons à choisir entre le continent et le grand large, nous choisirons toujours le grand large !" (Il me l'a déjà dit. Ce souvenir est indélébile.)
Le débarquement du 6 juin, ç'a été l'affaire des Anglo-Saxons, d'où la France a été exclue. Ils étaient bien décidés à s'installer en France comme en territoire ennemi ! Comme ils venaient de le faire en Italie et comme ils s'apprêtaient à le faire en Allemagne ! Ils avaient préparé leur AMGOT, qui devait gouverner souverainement la France à mesure de l'avance de leurs armées. Ils avaient imprimé leur fausse monnaie, qui aurait eu cours forcé. Ils se seraient conduits en pays conquis.
C'est exactement ce qui se serait passé si je n'avais pas imposé, oui imposé, mes commissaires de la République, mes préfets, mes sous- préfets, mes comités de libération ! Et vous voudriez que j'aille commémorer leur débarquement, alors qu'il était le prélude à une seconde occupation du pays ? Non, non, ne comptez pas sur moi ! Je veux bien que les choses se passent gracieusement, mais ma place n'est pas là !
Et puis, ça contribuerait à faire croire que, si nous avons été libérés, nous ne le devons qu'aux Américains. Ça reviendrait à tenir la Résistance pour nulle et non avenue. Notre défaitisme naturel n'a que trop tendance à adopter ces vues. Il ne faut pas y céder !
En revanche, ma place sera au mont Faron le 15 août, puisque les troupes françaises ont été prépondérantes dans le débarquement en Provence, que notre 1re Armée y a été associée dès la première minute, que sa remontée fulgurante par la vallée du Rhône a obligé les Allemands à évacuer tout le Midi et tout le Massif central sous la pression de la Résistance.
Le débunk
✅ La citation est vraie.
Elle est extraite du livre "C'était de Gaulle" - tome II - chapitre 14, d'Alain Peyrefitte, ancien ministre de l'information de de Gaulle (et également ministre sous Giscard d'Estaing et Pompidou), connu, entre autres, pour son excellente mémoire.
Le livre est un recueil de propos, fruit des multiples échanges et entretiens entre de Gaulle et Peyrefitte.
L'extrait reporté ici provient d'un échange qui se serait déroulé à la fin du Conseil des ministres du 30/11/1963 :
Pompidou - premier ministre de de Gaulle à ce moment - aurait tenu en privé ce propos à Peyrefitte : "Tâchez de faire revenir le Général sur son refus d'aller sur les plages de Normandie"
Suite à cela, dans le "Salon doré" (bureau du Président), Peyrefitte aurait posé cette question à de Gaulle : "Croyez-vous, mon général, que les Français comprendront que vous ne soyez pas présent aux cérémonies de Normandie ?", à laquelle le Général aurait répondu "C'est Pompidou qui vous a demandé de revenir à la charge ? Eh bien, non ! Ma décision est prise ! ..." la suite est celle reportée ci-haut.
De Gaulle aurait ensuite conclu : "Je n'ai aucune raison de célébrer ça avec éclat.""Ceux qui ont donné leur vie à leur patrie sur notre terre, les Anglais, les Canadiens, les Américains, les Polonais, Sainteny et Triboulet seront là pour les honorer dignement"
Source : "C'était de Gaulle", tome II, Alain Peyrefitte
Concernant la forme et la virulence des propos, rappelons qu'il s'agit ici d'un échange entre de Gaulle et son ministre, et non d'une position officielle de la France.
Pour ce qui est du fond, il y a peu de débat sur l'action de Gaulle au service de la France. En revanche, il se permettait souvent des approximations en rapportant les faits : par exemple, ce n'est pas vrai qu'aucune unité française n'ait participé. Il y avait les commandos Kieffer (177 combattants), mais le Général ne considérant pas le débarquement comme français, refusait de reconnaitre leur action (les commandos survivants ne reçoivent la Légion d'honneur que 60 ans plus tard) : https://lc.cx/vARmJQ
Un autre exemple pour comprendre le rapport de de Gaulle aux faits : l'appel du 18 juin. Les historiens s'accordent pour dire qu'il est impossible que le discours ait été exactement celui prétendu par de Gaulle. La version du Général est bien plus flatteuse que la réalité : https://lc.cx/rmET8f
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