Chirac et les livres

Jacques Chirac possédait une technique pour gagner la faveur de ses invités à l'Elysée. Lorsqu'il recevait une personne ayant publié un livre, il envoyait un membre de son équipe acheter l'ouvrage quelques jours auparavant. Il y insérait des post-its colorés et annotés, puis le plaçait ostensiblement sur son bureau... Sans jamais en avoir lu une ligne. Un assistant lui préparait une série de questions sur son livre, prétendument la lecture de chevet de Chirac. L'invité, flatté, croyait que le Président avait non seulement lu son œuvre, mais l'avait étudiée en détail. Chirac ne tarissait pas d'éloges sur le travail de son invité. Il affirmait même que le livre influencerait sa politique future. Curieusement, même les opposants les plus acharnés se montraient moins combatifs pendant ces rencontres. Chirac les encourageait à parler d'eux-mêmes, sans avoir à défendre ses propres points de vue. Cette flatterie fonctionnait à merveille. Les visiteurs repartaient enchantés et cette astuce épargnait à Chirac de nombreux « emmerdements », comme il aimait le dire. Ainsi, quelques faux post-its, un résumé bien ficelé, des compliments judicieux et une petite tromperie rendaient ses rendez-vous nettement plus aisés. Et ceux dans le secret s'amusaient beaucoup de cette ruse. Dans le même style, Kennedy se renseignait sur la vie personnelle des personnes qu’il devait rencontrer lors de ses déplacements. « Est-ce que votre épouse va un peu mieux ? Je sais que c’est un moment difficile, je suis tout cœur avec vous dans cette épreuve », sidérant ses interlocuteurs qui le voyaient pour la première fois. Il n’est pas interdit d’être malin lorsque l’on fait de la politique. Pourtant il serait bien que les politiques ne soient pas seulement malins. Mais on élit le meilleur candidat pas le meilleur président… #LaParenthèseFutile #JacquesChirac