Culture et histoire

Tapie et les trois soeurs allemandes

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Un matin de juin 1990, Tapie débarque en Allemagne. Dans un café, les trois héritières d’Adidas l’attendent. Depuis la mort du père fondateur, la société décline. Les trois sœurs se déchirent et sont perdues.   Pour Tapie, Adidas est une super affaire à saisir. Pourtant jusqu’ici, personne n’a réussi. Mais, il est déterminé. En quelques jours, il met les 3 sœurs d’accord. Son entourage est bluffé. Sauf que le lendemain, de retour en France, il apprend que la 3ième sœur a changé d’avis. Il est furieux. Tapie retourne sur place et la convainc une 2ième fois. Mais elle lui refait le même coup. Elle se rétracte à nouveau un jour plus tard. Tapie est dérouté. Pourquoi dire oui 2 fois de suite et faire volteface juste après ? Quelque chose coince. Jusqu’au jour où l’homme d’affaires interroge son équipe : « 𝘓𝘢 3𝘪𝘦̀𝘮𝘦, 𝘦𝘭𝘭𝘦 𝘦𝘴𝘵 𝘮𝘢𝘳𝘪𝘦́𝘦 ? ». La réponse est oui. Alors, il repart dardar en Allemagne. Il rencontre cette fois-ci Madame en présence de son mari. Il interroge Monsieur sur sa profession. Il est le propriétaire du petit restaurant en face de l’usine d’Adidas. Tapie a pigé. L’époux a peur de perdre ses clients si on délocalise le siège en France post rachat. Tapie propose de racheter la gargote à prix d’or. Soulagé, le mari accepte. Le brillant business man met ainsi la main sur Adidas pour 362 millions d’euros. Il revendra 3 ans plus tard pour 441 millions d’euros au Crédit Lyonnais. ____   Mon analyse : La capacité de Tapie à identifier que c’est le beau-frère qui a le pouvoir de décision est le point de bascule. Il trouve la solution en augmentant le périmètre de réflexions. Dans un litige entre associés, c’est chaque fois le même défi : 1) Trouver qui bloque pour un accord. 2) Identifier pourquoi et de quoi il a peur. 3) Transformer le blocage en opportunité. Faites comme Bernard. Élargissez le champ d’actions. Pensez aux personnes « invisibles ». Remportez le deal.

Le débunk

Impossible à vérifier. 🙁 Cette anecdote ne semble trouver sa source que dans les mémoires de la femme de Bernard, Dominique Tapie : « Bernard, la fureur de vivre » publié en 2023 : https://cvc.li/QxOGY Cependant, il est à noter que le récit présente des incohérences. Contrairement à ce qui est avancé, ce ne sont pas trois, mais bien quatre sœurs qui étaient les héritières d'Adidas. En réalité, à la suite du décès d'Adolf, dit 'Adi’ Dassler. en 1978, son épouse Katharina a hérité d'Adidas, tandis que son fils Horst en est devenu le PDG. La mère est décédée en 1984, puis le fils en 1987, laissant ainsi Inge, Karin, Brigitte et Sigrid comme héritières légitimes. https://cvc.li/RWpRH https://adifo.net/legacy/ L'entreprise est criblée de dettes et c’est bien aux 4 sœurs que Bernard Tapie rachète l’entreprise en 1990 , comme le confirment plusieurs sources : https://cvc.li/VgFGX https://cvc.li/JlBDQ Après avoir consulté d'autres biographies et articles relatifs à cet achat, aucune autre source ne mentionne cette anecdote et nous ne trouvons trace du restaurant à proximité du siège d'Adidas à Herzogenaurach dont le propriétaire serait le mari de l'une des sœurs.

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