Politique (catégorie obsolète)
Dictature de la Miviludes
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En France le gouvernement a monté une attaque sans précédent contre la liberté de pensée et d'expression sur les réseaux sociaux. Il souhaite introduire le délit d'opinion au code-pénal, désormais qualifié de "dérive sectaire".
Si l'amendement passe au Sénat, le gouvernement pourrait instaurer un petit régime de terreur sur LinkedIn, pour tous les critiques des doctrines du Président et de ses ministres.
La future répression serait confiée à une organisation para-judiciaire rattachée au Ministre de l'Intérieur (avec des commissaires dans les tribunaux), dont les internautes risquent d'entendre parler: la MIVILUDES.
La MIVILUDES était née il y a en 2002 (sous Jacques Chirac), initialement dans le but de réguler la liberté d'expression sous un angle très particulier: en séparant les croyances spirituelles des citoyens jugées "certifiées conformes par l'État" et les "hérésies".
Sans vouloir faire un historique, la MIVILUDES est l'héritière idéologique de deux traditions peu reluisantes:
- La première importée d'Allemagne (suite à la défaite de Napoléon III en 1870) qui consistait à considérer tout mouvement religieux ou spirituel comme des ennemis politiques potentiel. Le Chancielier Bismarck, avec sa notion restrictive de la "Nation" haïssait en particulier les catholiques, les juifs et les francs-maçons, parce que leurs idées ne naissaient pas du sol allemand.
- La seconde est bien française: elle remonte à la monarchie absolue de Louis XIV et ses fameuses "dragonnades" contre les protestants français. C'est à cette époque que fut inventé le terme "secte", avant que des centaines de milliers de protestants soient expulsés. Quand on lit la littérature publiée par la MIVILUDES (en se bouchant le nez), on est frappé de sa similitude avec la rage des bigots du XVIIe contre les "hérétiques".
Selon l'Express, serait dans le viseur des autorités, la "multitude de groupes ou d’individus qui investissent les champs de la santé, de l’alimentation, du bien-être mais aussi du développement personnel, du coaching ou de la formation […] des gourous 2.0 qui diffusent désormais leur doctrine sur les plateformes numériques et fédèrent autour d’eux de véritables communautés".
Bref: les influenceurs. Et le gouvernement entend se doter d'un 𝑎𝑟𝑠𝑒𝑛𝑎𝑙 de répression (notons le terme militaire), avec priorité contre les professionnels de la santé.
Tout médecin, infirmier, coach, conseiller alimentaire, agriculteur bio qui s'exprime sur LinkedIn, pourrait dorénavant être traîné en justice et puni non pas à cause de ses actes, mais de ses idées.
La proposition d'envoyer des commissaires politiques de l'État dans tout le pays, qui menaceraient juges et citoyens (comme en ex-URSS) est une infamie pour la République française. La seule action civilisée serait de couper tout accès aux fonds publics à cette police politique qui ne dit pas son nom, et ensuite de la dissoudre.
Comme aurait dit Voltaire dans son Traité sur la tolérance, "Écrasons l'infâme".
Le débunk
Boudiou ! La règle des 3️⃣ erreurs, vite !
1️⃣ "Une attaque sans précédent". C'est vraiment mal connaître l'histoire de France, et notamment l'époque où les médias n'étaient qu'un ET sous la coupe de l'Etat : https://cvc.li/ZeuUO. En quoi la Miviludes serait la fin des médias d'opinion, sur des réseaux sociaux qui n'appartiennent pas à l'Etat ? Pas très clair.
2️⃣ Introduction au code pénal du délit d'opinion sous le qualificatif de "dérive sectaire". Mais de quoi l'on parle ? De ce texte de loi (https://cvc.li/FFCio) ? Celui là même qui prévoit un ajout (chapitre 1er, Article 1er B) lié aux usages d'outils numériques à l'égard de personnes abusant frauduleusement de victimes en situation de faiblesse (le fameux 223‑15‑2 du code pénal - https://cvc.li/riNkX) ? C'est presque scandaleux de voir en 2024 que ce canal numérique n'ait pas été introduit dans la loi bien plus tôt.
3️⃣ Un petit régime de terreur sur Linkedin ? Y'a déjà zéro modération (ou presque) sur les charlatans pseudos-médicaux inscrits ici, c'est pas l'Etat qui va, d'un coup d'un seul, exercer une censure politique... surtout sur Linkedin !
Bon, trois observations sur deux paragraphes, ça nous suffit pour affirmer que le post est à revoir de bout en bout...
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