Émeutes antivaccins à Montréal en 1885 🇨🇦

Tous les vendredis matin, à 8h50 sur France Inter, Tristan Mendès France nous régale d’une chronique, toujours très juste, où il parle du complotisme : « Antidote »… Voici le contenu de sa dernière chronique : "Aujourd’hui, un épisode historique méconnu : les émeutes antivaccins 💉 de 1885 à Montréal 🇨🇦. Oui parce que cet épisode rappelle étrangement la période qu’on vit actuellement. Et vous allez voir que les campagnes de désinformation à l’époque n’ont rien à envier à celles qu’on connait aujourd’hui. Alors retour en arrière, on est au début de l’année 1885 et Montréal est frappé par une épidémie dramatique de variole. Elle va entrainer la mort ☠️ d’environ 2% de la population, essentiellement des enfants 👶. Soit près de 3200 personnes. Et ceci malgré l’existence d’un vaccin qui a fait ses preuves depuis 1796, un vaccin que les autorités de Montréal ont pourtant essayé d’utiliser pour endiguer la maladie. 🚨 Alors pourquoi l’épidémie de variole s’est-elle répandue ? Eh bien parce que les responsables politiques de l’époque ont fait face à une incroyable résistance d’une partie de la population, avec une opinion publique chauffée à blanc par des discours antivaccins tenus par des personnalités influentes. On a notamment une sommité de l’époque, un grand professeur de l’école de médecine de Montréal, du nom de Joseph Emery Coderre, qui fait une campagne acharnée contre la vaccination à coup de tribunes incendiaires, dans les médias qui lui sont favorables. Ces mêmes journaux qui font la promotion de traitements alternatifs à base d’onguents ou de bière, tout en expliquant que la vaccination est inutile ou dangereuse, qu’elle a des effets secondaires dévastateurs ou qu’elle est, je cite « un effrayant moteur de destruction et de mort pour les enfants ». D’autres éditos expliquent que la vaccination bafoue les libertés individuelles ou que les promoteurs du vaccin ne cherchent en fait qu’à s’enrichir. 🚨 Comment réagissent les autorités de Montréal ? Eh bien face à cette résistance et l’épidémie qui fait des ravages, les autorités tentent d’imposer la vaccination et l’isolement des contaminés et décrètent même des amendes contre ceux qui ne respectent pas les contraintes sanitaires. Mais ces mesures sont perçues comme un instrument de domination et de répression et une partie de la population bascule dans la violence. Le 28 septembre 1885, des émeutes antivaccins éclatent, les manifestants s’attaquent à un hôpital 🏥, à la mairie, en scandant des menaces de mort contre certains médecins. Des émeutiers se mettent à saccager des pharmacies et vont jusqu’à harceler les personnels de santé 🧑‍⚕️ jusqu’à leur domicile. D’autres émeutiers essayent de ravager les locaux de médias pro vaccins, et la situation dégénère alors que les cas de contaminations explosent. Il faudra attendre des milliers de morts, avant que l’épidémie soit enfin maitrisée, un an plus tard." Ce texte est publié avec l'accord de l'auteur (Tristan Mendès France).