Pour son travail d'historien, Julien Théry a été suspendu de ses fonctions à l'université

Accusé d’antisémitisme, l’enseignant Julien Théry suspendu par l’université Lyon 2 Julien Théry, médiéviste et enseignant-chercheur, vient de publier une analyse historique documentée sur les origines de l’antisémitisme en France. Sa démonstration, appuyée sur des sources primaires, aboutit à une conclusion que les faits corroborent : l’antisémitisme comme projet politique organisé a toujours été porté par la droite nationaliste et l’extrême droite. Si des préjugés antisémites ont existé chez certains penseurs socialistes du XIXe siècle, ils n’étaient pas constitutifs de leur projet politique, ce qui explique leur abandon rapide et l’engagement ultérieur de la gauche. Pour ce travail d’historien, il a été suspendu de ses fonctions universitaires. Cette suspension révèle une asymétrie devenue flagrante. Des propos islamophobes se déversent quotidiennement dans l’espace médiatique sans conséquence pour leurs auteurs. Or l’islamophobie et l’antisémitisme sont deux formes de racisme d’égale gravité, procédant historiquement de la même matrice idéologique : la droite nationaliste et identitaire, qui a simplement déplacé sa cible principale. Le contexte éclaire cette affaire. Un massacre de masse est documenté à Gaza depuis deux ans, ayant conduit à des mandats d’arrêt de la CPI contre les dirigeants israéliens. Critiquer cette politique n’est pas de l’antisémitisme. Un État n’est pas un peuple. Instrumentaliser cette accusation pour faire taire la critique revient à banaliser sa gravité et à desservir la lutte contre l’antisémitisme réel. Sanctionner un historien pour avoir documenté ces faits ne fait que confirmer la thèse qu’il défend.