Culture et histoire

Churchill sauvé d'un marais et le fils Fleming à qui on a offert des études

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Imaginez un modeste fermier écossais nommé Fleming, travaillant dur dans ses champs, lorsque soudain des cris déchirants brisent le calme de la campagne. Sans hésiter, il lâche ses outils et court vers la source de la détresse. Là, il découvre un enfant pris au piège dans un marécage, luttant désespérément pour ne pas se noyer. Fleming, au péril de sa propre vie, saisit une longue branche et parvient à tirer le garçon hors de la vase. Le lendemain, une voiture luxueuse s’arrête devant la modeste maison du fermier. Un homme distingué en descend — Randolph Churchill, le père de l’enfant sauvé. Rempli de gratitude, Churchill veut récompenser le fermier pour son courage, mais Fleming refuse : « Sauver une vie, c’est mon devoir. L’humanité n’a pas de prix. » À ce moment-là, le fils de Fleming apparaît à la porte. Intrigué, Churchill demande : « Est-ce votre fils ? » Lorsque Fleming acquiesce fièrement, Churchill propose un marché inattendu : « Si vous refusez mon argent, permettez-moi au moins d’offrir à votre fils la meilleure éducation possible — les mêmes chances que celles de mon propre fils. » Fleming, conscient qu’il ne pourrait jamais offrir une telle opportunité à son enfant, accepte avec reconnaissance. Le jeune garçon part étudier à St Mary’s Medical School à Londres, où il deviendra plus tard Sir Alexander Fleming, le découvreur de la pénicilline. Et voici où le destin boucle la boucle : des années plus tard, c’est la pénicilline qui sauvera la vie de Winston Churchill, le fils de Randolph — celui-là même que le fermier avait sauvé du marécage. N’est-ce pas fascinant de voir comment un seul acte de bonté peut se propager à travers l’histoire, tissant entre les vies des liens aussi inattendus qu’extraordinaires ?
Image: Churchill sauvé d'un marais et le fils Fleming à qui on a offert des études

Le débunk

Ding ! Ding ! Ding ! Alerte au bullshit inspirant ! Cette histoire est fausse et a même été qualifiée de “fable très agréable” par le protagoniste de l’histoire, Alexander Fleming (http://bit.ly/43rZt0h). Doit-on aller plus loin ? Non, mais on peut. Cette fable a été débunkée depuis au moins 2018 (https://bit.ly/4otHRJr). Elle a pour origine un article par Arthur Keeney dans le magazine Coronet en 1944 (http://bit.ly/4otHRJr). Dans cette version, c’est Alexander Fleming, à 7 ans, qui sauve W. Churchill, à 14 ans. De plus, aucune source médicale n’indique que Churchill ait eu cette mésaventure, ni que Lord Randolph Churchill ait payé pour l’éducation d’Alexander. Une autre incompatibilité majeure réside dans le fait que Churchill n’a pas été soigné par pénicilline lors de sa pneumonie en 1943, mais bien grâce à un autre antibiotique. Les carnets du docteur de Churchill ne mentionnent pas la pénicilline, mais bien un sulfadiazine (http://bit.ly/4otHRJr). Il n’y a pas non plus de preuve que Churchill ait pris de la pénicilline avant la publication de cette histoire. Conclusion : un beau texte, inspirant, motivant, viral (badum tss)… mais totalement faux.

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