La viande de bœuf, une hérésie environnementale

Pourquoi faire simple quand on peut faire double ? Mmh, quelques idées de réponse : la santé, le climat, la déforestation, la biodiversité, la résilience alimentaire, ou le bien-être animal. Les Français mangent 85 kg de viande par an (dont 22 kg de viande bovine), soit deux fois plus que la moyenne mondiale. La consommation de viande rouge a été classée comme ‘probablement cancérogène’ par l’OMS – chaque portion de 100 gr de viande rouge ingérée par jour augmenterait le risque de cancer colorectal de 18 %. Plus généralement, la surconsommation de viande rouge est liée à des risques accrus de décès par maladie cardiaque et de diabète. À ces risques sanitaires s’ajoutent des risques environnementaux. Produire 1 kg de bœuf émet 99 kg de gaz à effet de serre, soit 10 fois plus que 1 kg de poulet et 100 fois plus que 1 kg de pois. L’empreinte carbone de l’alimentation des Français est de 2,35 t é qCO2 par an, dont 39 % seulement pour la viande. L’élevage représente 59 % des émissions de l’agriculture en France et les bovins causent 83 % des émissions liées à l’élevage, principalement des émissions de méthane liées au processus de digestion. Le bœuf est un aliment extrêmement inefficace. Il faut 16 calories d’origine végétale pour produire 1 calorie de viande bovine (le ratio est 4 fois plus efficace pour le poulet). La production de 1 kg de viande nécessite la mobilisation de 3 kg de produits végétaux comestibles pour l’homme. Il faut 163 m2 de surface pour produire 100 g de protéines de bœuf, soit 30 fois plus de terres que pour l’équivalent en protéines de pois. La viande de bœuf nécessite 4,3 plus d’eau en équivalent protéine que ses alternatives végétales. Le bœuf, c’est un peu la centrale à charbon de l’alimentation, une technologie obsolète dont on pourrait très bien se passer. Selon l’Ademe, un régime omnivore avec 170 g de viande par jour émet 4 fois plus de gaz à effet de serre qu’un régime végétarien et 6 fois plus qu’un régime végan. Les ordres de grandeur sont similaires pour l’empreinte sol : 3 fois plus de m2 mobilisés pour le régime omnivore par rapport au régime végétarien et 4 fois plus par rapport au végan. Faire simple, c’est manger moins de viande. C’est un objectif que l’on retrouve d’ailleurs dans tous les scénarios de transition écologique : -20 % d’ici 2050 dans la Stratégie national bas carbone, -50 % dans le scénario négaWatt, -70 % dans le scénario Génération Frugale de l’Ademe, et -73 % dans le PTEF du Shift. Faire de la publicité pour inciter à en manger davantage relève de l’inconscience, c’est l’équivalent d’inciter à boire deux fois plus au volant. Des hamburgers avec non pas un, mais deux steaks ! C’est le niveau zéro de la créativité. Pourquoi faire ingénieux quand on peut faire paresseux ? Sommes-nous à ce point dénués d’imagination que nous ne puissions même pas imaginer de nouvelles recettes, y compris des recettes végétales ?