L’histoire d’Elon Musk peut expliquer en partie ses idées

Depuis quelques mois, Elon Musk diffuse des théories conspirationnistes d’extrême droite. Il a exprimé son hostilité croissante envers les institutions démocratiques et a récemment soutenu le sulfureux parti allemand Alternative für Deutschland (AfD). Elon Musk s’est également intéressé aux théories génétiques et a relayé des discours alarmistes sur un prétendu « génocide blanc » en Afrique du Sud, ainsi que des idées liées à la théorie raciste du « grand remplacement ». Le « salut romain » a ravivé l’intérêt pour le passé d’Elon Musk en Afrique du Sud durant l’apartheid. Elon Musk n’est pas le seul milliardaire de la « PayPal mafia » à être issu du contexte sud-africain sous domination blanche. Parmi eux, Peter Thiel, entrepreneur germano-américain et cofondateur de PayPal, a grandi dans une région d’Afrique australe où les références à Hitler étaient encore vénérées dans les années 1970. Peter Thiel a été critiqué pour ses propos polémiques sur les programmes sociaux et le droit de vote des femmes, et une biographie de 2021, intitulée The Contrarian, rapporte qu’il aurait défendu l’apartheid en tant que système « économiquement viable ». David Sacks, ancien directeur des opérations de PayPal et soutien financier de Donald Trump, est également né en Afrique du Sud avant de s’installer aux États-Unis. Roelof Botha, petit-fils de Pik Botha, dernier ministre des Affaires étrangères du régime d’apartheid, et ancien directeur financier de PayPal, a gardé un profil plus discret sur le plan politique tout en restant proche d’Elon Musk. L’éducation reçue par Elon Musk en Afrique du Sud a eu lieu dans un contexte social profondément marqué par les idéologies de suprématie blanche. Son grand-père maternel, Joshua Haldeman, a quitté le Canada en 1950 pour s’installer en Afrique du Sud, attiré par les politiques ségrégationnistes. Ancien leader d’un mouvement technocratique canadien aux penchants fascistes, Joshua Haldeman avait été emprisonné pour avoir publié des documents s’opposant à la guerre contre l’Allemagne nazie et avait promu des théories antisémites avant son déménagement. Elon Musk a été élevé dans une atmosphère de privilèges économiques considérables. Son père, Errol Musk, s’est enrichi grâce à sa participation dans des mines d’émeraudes en Zambie, accumulant une fortune suffisante pour posséder deux maisons, un avion, un yacht et plusieurs voitures de luxe. L’éducation d’Elon Musk a eu lieu dans des écoles blanches sud-africaines où l’idéologie du nationalisme chrétien était omniprésente. Ce système éducatif inculquait une vision biaisée de l’histoire, glorifiant les Afrikaners et minimisant les atrocités de l’apartheid. Même dans les milieux plus critiques, les privilèges blancs étaient souvent perçus comme normaux, sans remise en question profonde. En quittant l’Afrique du Sud en 1988 pour éviter le service militaire obligatoire, Elon Musk a emporté avec lui l’héritage d’un système hiérarchisé et racialisé.