Nutrition et santé
La schizophrénie se déclare à cause de l'entourage
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"La politique me rend fou" m’a récemment confié un ami. Bien sûr, il exagère et parle au second degrés (enfin, je crois). Dans ma chronique l'Opinion de cette semaine, je l'ai toutefois pris au mot, pour interroger les effets psychopolitiques de cette folle période, qui a vu les séquences politiques s’enchainer, toutes plus surréalistes les unes que les autres. Les nations, elles-aussi, ont une vie psychique ; le fait que leurs dirigeants politiques disjonctent avec le réel ne peut pas rester sans effets.
Le psychanalyste américain Harold Searles a réalisé un important travail de compréhension de la « folie », en l’occurrence des cas de psychose, et a été pionnier dans le traitement psychanalytique de la schizophrénie. Dans L’effort pour rendre l’autre fou (1959), il part d’un constat clinique : bien souvent, l’individu devient schizophrène en partie à cause d’un effort continu – largement inconscient – de la ou des personnes de son entourage, pour le rendre fou. Pour ce faire, il s'agit d’instaurer inconsciemment une relation interpersonnelle qui "tend à saper la confiance de l’autre en la fiabilité de ses propres réactions affectives et de sa propre réaction extérieure".
Mon hypothèse est la suivante : et s’il y avait, au sein du personnel politique, une volonté inconsciente de rendre la politique folle ? A commencer par le président de la République, qui n’a eu de cesse de mettre à l’épreuve les oppositions politiques, en les entrainant dans des situations diverses, multipliant les injonctions contradictoires, comme pour voir si elles réagissaient normalement ou anormalement.
A gauche, J.-L. Mélenchon n’a pas moins contribué à déstabiliser psychiquement sa famille politique. Lorsqu’il affirme haut et fort avoir "gagné" les élections législatives, et être en capacité, avec en tout et pour tout 182 députés, d’appliquer "son programme, rien que son programme, mais tout son programme", le militant de gauche ne peut qu’être déboussolé : s’il conserve la foi en son propre jugement, il conserve une prise solide sur la réalité, mais a le sentiment de trahir politiquement son camp ; s’il décide d’adhérer au récit du "viol démocratique", il maintient la relation politique mais fausse sa perception de la réalité. Autrement dit, la manœuvre installe un dilemme entre fidélité politique et fidélité à soi …
Searles explique que l’effort pour rendre l’autre fou repose souvent sur l’effort inconscient des participants pour essayer d’obtenir les gratifications qu’offre, en dépit de tout, un mode de relation "fou". Et si la classe politique tirait (inconsciemment) bénéfice à ce que la politique soit folle ? Après tout, cela offre davantage d’espaces aux manœuvres, aux "coups tordus", aux initiatives personnelles : un monde politique déréglé, c’est autant d’opportunités de tirer son épingle du jeu. Espérons que la période se referme très vite, sous peine de perdre définitivement l’attention du grand public qui, lui, aspire à un monde politique plus sain.

Le débunk
❌ Non, "le schizophrène ne le devient pas par l'action de son entourage" (la question nous était posée en commentaire de cette publication).
Les hypothèses psychanalytiques sur les causes des troubles du spectre de la schizophrénie se sont toutes avérées fausses.
Plus généralement, les concepts spécifiques de la psychanalyse se sont révélés sans aucun pouvoir explicatif : https://cvc.li/JBLtA (on vous recommande de suivre Franck Ramus et ses diverses publications sur le sujet, car c'est passionnant et toujours bien sourcé).
Par ailleurs, les recherches modernes n’ont pas permis d’identifier une cause unique de la schizophrénie. Il s’agit plutôt d’une interaction entre les gènes et une série de facteurs environnementaux. Des facteurs psychosociaux peuvent également influer sur l’apparition et l’évolution de la schizophrénie.
Par exemple, un climat familial tendu ou des événements de vie stressants « peuvent » précipiter ou aggraver des épisodes psychotiques chez des personnes prédisposées.
Ce trouble vient fortement handicaper le fonctionnement au quotidien des personnes.
Enfin, pour rappel, la stigmatisation, la discrimination et la violation des droits de l’homme des personnes concernées par la schizophrénie sont courantes :
https://cvc.li/vLLjd
https://cvc.li/ujIqS
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