Environnement et écologie
Baisse des émissions chinoises
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La baisse des émissions chinoises est une excellente nouvelle en tant que tel. Mais c’est aussi un signal envoyé aux élites économiques et politiques (l’audience des Échos) : la vieille excuse de l’inaction des pays pollueurs arrive à sa fin.
La Chine représente 32% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Alors que, depuis les années 2000, ses émissions liées à l’énergie (90% du total de ses émissions) ont plus que triplé en comparaison de l’Union européenne ou des États-Unis pour qui elles ont baissé, le deuxième trimestre 2024 est le premier depuis la pandémie où les émissions du pays ont reculé de 1%.
Cette donnée provient des calculs de Lauri Myllyvirta, du Center for research on energy and clean air (CREA). L’étude explique cette baisse par des facteurs conjoncturels (baisse de la construction et de la consommation de produits pétroliers) mais aussi structurels (ce qui est très encourageant puisque cela signifie que l’évolution pourrait être durable) : le solaire et l’éolien ont couvert la majorité de la hausse de la consommation électrique chinoise depuis mars grâce à de nouvelles capacités de production, et la proportion de véhicules électriques dans les ventes de véhicules neufs est en hausse.
La Chine a également annoncé reconnaître officiellement un nouvel indicateur : les émissions absolues du pays et non plus son « intensité carbone ».
Cette actualité est un signal fort en tant que tel, mais elle permet aussi de déconstruire un discours de l’inaction répandu : « si la Chine n’agit pas, rien ne sert que je le fasse ».
La Chine démontre qu’à son échelle de mastodonte, une inflexion est en cours.
La défection est donc désormais moins audible.
Or, qui est-ce qui adopte aujourd’hui une posture attentiste afin de prolonger les gains économiques et électoralistes de (très) court terme associés à l’inaction climatique ? Les élites économiques et politiques. Pile le lectorat de Les Echos.
Espérons que cette nouvelle fasse boule de neige médiatique, car les symboles sont puissants pour provoquer espoir et acceptation de la contrainte du changement.
Article : https://lnkd.in/d-wYWTPQ

Le débunk
C'est vrai ! Notons, cependant, que si les émissions de CO2 chinoises ont bien baissé, de 3% en mars 2024, elles ont augmenté de 12% entre 2020 et 2023. Certains experts pensent cependant que ce pic de 2023 pourrait être un maximum. Il est intéressant de noter que l’essentiel de cette chute d’émission de CO2 est liée à la réduction de la quantité de ciment fabriquée (https://lc.cx/xZ8dgj). De plus, l'augmentation de la demande d’énergie chinoise est désormais fournie plus massivement par le solaire et l’éolien, dont la capacité a augmenté de 40% par rapport à 2023 (cf. supra), pour représenter 15% du mix énergétique chinois (contre 27% en UE). Rapportées à la production d'énergie, les émissions de CO2 deviennent alors mathématiquement moins importantes.
Il est vrai aussi que la Chine représente presque 32% des émissions mondiales de CO2 (https://lc.cx/xBpHEG). Car, outre ses 1,4 milliards d’habitants, la Chine est également le premier atelier du monde, avec 28.4% des biens manufacturés mondiaux qui y sont fabriqués (https://lc.cx/ClMl-u). Par ses exportations, elle permet donc à d’autres pays de moins fabriquer donc moins polluer. La réduction de ses émissions de CO2, si elle se maintient, est donc bien une excellente nouvelle.
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