Remplacement des mannequins par l'IA

Il m’est arrivé un truc de fou. J’arrive sur un shooting pour une marque de mode française. Sans me prévenir, on m’annonce que mon visage sera remplacé sur toutes les photos par un visage généré par IA. La raison : ne pas payer de droits à l’image à long terme. Cette expérience révèle une tendance qui s’étend dans l’industrie : les mannequins deviennent des corps interchangeables sur lesquels on plaque des visages virtuels. Pour optimiser les coûts. Pas pour informer, pas pour créer. Quelques chiffres : • 73 % des dirigeants de marques de mode considèrent l’IA comme une priorité stratégique (McKinsey, The State of Fashion 2024) • +36,9 % : croissance annuelle du marché de l’IA appliquée à la mode Trois enjeux majeurs 1. Travail L’IA ne soutient pas les métiers créatifs : elle les remplace. On ne négocie plus de salaires, on supprime des personnes. Photographes, maquilleur·ses, stylistes, retoucheurs… des milliers d’emplois sont menacés. 2. Estime de soi Plus les modèles sont artificiels, plus la réalité semble insuffisante. Le “standard” devient inatteignable, surtout pour les jeunes. 3. Illusion du progrès On parle d’innovation, mais il s’agit surtout d’accélération, de réduction des coûts, de multiplication des collections. Dans un système déjà saturé. Nous entrons dans une ère où la perfection artificielle est banalisée. Les conséquences sur la santé mentale collective sont réelles. Et l’éthique ? - Consentement : beaucoup de mannequins ignorent que leur image sera modifiée par IA - Droit à l’image : les contrats ne prévoient pas l’usage des scans 3D à l’infini - Deepfakes : aucune limite juridique claire SHEIN produit déjà plus de 6 000 nouveaux articles par jour grâce à l’IA. Le digital n’est pas neutre : il accélère la surconsommation et la destruction des ressources. Et désormais, certaines marques françaises suivent. Jusqu’où accepte-t-on d’aller pour vendre toujours plus ? Est-ce vraiment la mode que nous voulons soutenir ?