L'Indonésie déménage sa capitale pour des raisons climatiques

La presse l’a annoncé sobrement, or c’est pourtant annonciateur de grands bouleversements : l’Indonésie déménage sa capitale à cause de la montée des eaux. Nusantara devient la nouvelle Jakarta, cette dernière étant en train de (littéralement) s’enfoncer dans la mer. En effet, le poids des gratte-ciels alourdit un sol déjà fragile, en train de s'affaisser. En cause, le réchauffement climatique, mais aussi le système de pompage d'eau dans les nappes phréatiques pour l'alimentation des villages, des villes et des industries du pays. Conséquence : des inondations à répétition, et des projections alarmistes - un tiers de la ville serait engloutie d’ici 2050. L’Indonésie a donc construit une nouvelle capitale, pour y transférer l’administration du pays et au moins la moitié des habitants de Jakarta dans les 20 prochaines années. Nous pourrions être interpellés par le coût écologique de la construction d’une nouvelle ville, par les expropriations engendrées, par les promesses de ville exemplaire encore peu crédibles. Mais c’est surtout l’ampleur du chantier et le relatif désabusement collectif qui donne matière à s’étonner. Imaginez une seule seconde que Paris, voire l’agglomération parisienne (car ce sont les proportions dont on parle) doive déménager pour cause de risque climatique existentiel. Le sursaut serait magistral. La capitale de l’Indonésie déménage. Et c’est à peine si les remous médiatiques sont audibles, au-delà de quelques articles détaillant le projet. Pas de grands débats enflammés, de questionnements sur la signification d’un tel événement, d’interpellations politiques, de retentissement diplomatique. C’est dire : même quand la crise climatique, caractérisée par son temps long, produit des actualités chaudes, elle peine à sa frayer une place dans l’actualité. Nos médias traitent le climat de manière spectaculairement détachée pour l’onde de choc que la crise représente. Infographie issue de la newsletter de Vert, le média qui annonce la couleur.